Le contexte exceptionnel lié à la crise de la COVID-19 a bousculé les habitudes de chacun. Ne faisant pas exception, le monde de la mode a dû s’adapter lors de la très récente Fashion Week Printemps/été 2021. Avec seulement 18 défilés physiques cette année, contre une centaine habituellement, la semaine parisienne de la mode nous a montré, si l’on en doutait encore, que le milieu de l’événementiel tend vers une version bien plus digitale.
Chaque saison, le monde entier se hâte autour des podiums installés dans tout Paris pour la Fashion Week. Mais en 2020, pas de course folle entre les différents lieux, puisque la crise sanitaire a poussé les marques à se renouveler pour rendre numérique cet événement international emblématique. Même les rares défilés qui ont bien lieu en physique font entrer le virtuel dans leur show. C’est notamment le cas pour Balmain qui nous a offert un front row hybride, avec d’un côté des invités en chair et en os et de l’autre, Anna Wintour, Maluma ou encore Cara Delevingne présents à travers un écran.
Au-delà de favoriser le respect des règles sanitaires, la digitalisation ouvre les portes du luxe à un plus grand nombre. Bien qu’il ait été présenté dans un cadre intimiste devant seulement 200 invités, le défilé Louis Vuitton était aussi accessible au grand public. Grâce à une retranscription en live sur l’ensemble de ses réseaux sociaux, la Maison Vuitton dévoile son show à une cible plus large et plus jeune, notamment à travers TikTok, application star des moins de 30 ans.
Jugé trop froid par certains, le digital permet pourtant aux créateurs de redoubler d’inventivité et de montrer d’autres facettes de leur marque. Les directeurs artistiques de Nina Ricci, Lisi Herrebrugh et Rushemy Botter en sont le parfait exemple. Pour remplacer le défilé traditionnel, ils dévoilent non seulement leur collection, mais aussi les échanges de SMS et de photos à l’origine de leurs inspirations dans une vidéo dynamique. Le spectateur s’immisce dans les coulisses de la maison au cœur du processus de création et découvre simultanément les tenues et leur genèse.
Mais bien que cette reconfiguration de la Fashion Week ouvre le champ des possibles et permettent de préserver la santé de chacun en ces temps de pandémie, elle n’impacte pas seulement le marché du prêt-à-porter. Habituellement, la semaine tant attendue de la mode génère une activité dense dans l’ensemble des secteurs liés au tourisme. Cette année les hôtels ont par exemple vu leur taux de fréquentation passer de 86% l’année dernière à 25,2% sur la même période. Une baisse d’activité qui se fait sentir également dans les domaines de la restauration, des services de chauffeurs privés ou de location de véhicules.
Pris de court lors de la précédente édition, les créateurs ont su cette saison faire preuve d’inventivité pour mettre les outils digitaux au service de leurs créations. Cette semaine de la mode parisienne nous a fait la démonstration que le milieu de l’événementiel est désormais indissociable du monde numérique. Ce dernier permet d’innover et d’apporter des solutions aux nombreux secteurs mis en difficulté par la crise sanitaire actuelle.